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Partie 2

Une agriculture productive, grâce aux prairies de la vallée


Chapitre IV L’agriculture à Saint-Mathurin.


1) Une agriculture intensive.

Les principales productions.
De bonne heure la Vallée d’Anjou acquit une réputation de fertilité. Jehan Bourdigné écrivait en 1525 suite à une rupture de la levée “ Toutes choses semées en la vallée furent perdues et gastées et mesme plusieurs hommes et femmes noyez en cuydant sauver leurs meubles et bestes, desquels périt grant quantité ; qui fut merveilleux dommage pour le pays d’Anjou et cause que les bledz en furent plus chers ; car la vallée est ung quartier de pays fructueux et fertile qui en bledz, potaiges et toutes manière fait communément grant secours au pays d’Anjou1 ”

La “ carte générale de l’élection d’Angers  2 de 1790 nous renseigne, quoiqu’en termes imprécis, sur la répartition des productions agricoles :

On trouve à Saint-Mathurin des “ terres légères et sablonneuses d’un très bon fond ; ½ propre à tous grains, surtout à froment, quelques seigle, beaucoup de fèves, de chanvre et de pruniers. Ces trois objets font un des principaux revenus de la paroisse ; très peu d’orge et de pois, ni bled noir, ni lin ; ½ en prairies et communes ”.

L’appréciation est à peu près la même pour La Marsaulaye, Les Rosiers et La Bohalle (“ Blaison deçà Loire ”). A La Marsaulaye les terres portent un peu plus de seigle. Elles sont “ surtout à froment et à seigle, plus de froment que de seigle ”. A La Daguenière les prairies et “ communes ” l’emportent sur les terres labourables, et le seigle sur le froment.

A la Révolution des enquêtes furent menées pour mieux connaître les ressources des campagnes. Un état des terres ensemencées du canton de Port-la-Vallée (Saint-Mathurin) est conservé. Il date de l’an 5 (1796-97). A cette époque le canton comprend, outre Port-la-Vallée (intégrant La Marsaulaye), La Bohalle et La Daguenière. Je n’ai pas trouvé de chiffres pour Saint-Mathurin seul, mais ce document donne une idée des proportions entre les diverses cultures. D’autant qu’existent des documents comparables pour les communes de La Bohalle et Les Rosiers (un document sur La Daguenière existe aussi mais les chiffres sont douteux), et que la population et la superficie de Saint-Mathurin représentaient plus de la moitié de celles du canton.

Tableau 11. Les surfaces cultivées dans le canton de Port-La-Vallée (Saint-Mathurin), à La Bohalle et aux Rosiers. D’après des enquêtes de l’an III, an IV et an V.


Canton de Port-la-Vallée (an V) 3

La Bohalle (an III) 4

Les Rosiers (an IV) 5

Total des terres cultivées

24.626 boisselées
(100%)

5.239 boisselées

22800 boisselées

Froment

7.900 b.

32. %

2.359 b.

45 %

10.000 b.

43 %

Méteil

2.600 b.

10.5 %

61 b.

1.2 %

1.500 b.

6.6 %

Seigle

2.050 b.

8.3 %

62 b.

1.2 %

500 b.

2.2 %

Orge

1.420 b.

5.8 %

169 b.

3.2 %

400 b.

2.2 %

Avoine

320 b.

1.2 %

19 b.

0.4 %

0

0

Fèves

6.900 b.

28 %

1.804 b.

34 %

7.500 b.

32 %

Patates

200 b.

0.8 %

12 b.

0.2 %

800 b.

3.5 %

Chènevis

3.236 b.

13.2 %

753 b.

14.4%

1.800 b.

7.8 %

Pois

0

 

0

 

300 b.

1.3 %

Prairies naturelles et pâturages

12440 b.
(“ prairies naturelles ”)
production de 31140 qtx

2.417 b. (“ foin ”)

10.000b.(prairies naturelles 7000, pâturages 3000)

Le froment représentait l’essentiel des céréales cultivées dans la Vallée, même s’il était concurrencé par le méteil et par le seigle, comme à La Daguenière ou dans les paroisses du nord de la Vallée.

Les inventaires après décès et ventes aux enchères de récoltes.
Dans certains cas, les récoltes appartenant à des enfants mineurs dont les parents étaient décédés, étaient vendues aux enchères à la demande du “ curateur ”. D’autre part, les inventaires de biens meubles après décès contenaient habituellement les ensemencements faits par les communautés. Ces inventaires et ces ventes aux enchères, utiles pour déterminer l’étendue des exploitations agricoles (nous y reviendrons), donnent aussi une idée des cultures pratiquées. Il faut pour cela utiliser des actes passés entre mai et juillet, quand toutes les terres sont ensemencées. J’ai aussi utilisé un inventaire du mois de mars qui précisait les terres sur le point d’être ensemencées. Le tableau suivant donne les superficies cultivées selon les productions, sur un total de seize actes de 1763 à 1786.

La variété des cultures était beaucoup plus grande dans les soles alternant avec les céréales d’hiver. Des cultures comme le chanvre, les poix, les légumes se mêlaient sur de petites parcelles, sans être pour autant dans les jardins des maisons.

Par rapport au rapport de l’an V sur le canton de Port-La-Vallée, les parts des fèves et du méteil étaient beaucoup plus importantes, celle du seigle est très réduite. Mais dans l’ensemble dominaient toujours le froment et les fèves.

Tableau 12. Les cultures à Saint-Mathurin d’après des ventes aux enchères de récoltes et des ensemencements dans des inventaires de communautés après décès. Sur 16 actes, 1763-1786.

cultures

superficie en boisselées

pourcentage semailles d’octobre

pourcentage semailles de février à juin

froment

239

71%

 

méteil

94.5

28%

seigle

3.25

1%

total semailles d’octobre

336.75 (51.1% du total)

100%

fèves

275.25

 

85.5%

chanvre

25

7.76%

orge

1

6.74%

orge, chanvre

5

fèves, poix et légumes

9.5

fèves et chanvre

4.5

blé noir

1

avoine et citrouilles

1

total semailles février à juin

322 (48.9% du total)

100%

cultures inconnues : “ gabari ” et " vaisseau ”

4.5

périodes de semailles inconnues

D’après la “ carte générale de l’élection d’Angers ”6, l’excédent des blés de Saint-Mathurin était vendu à Beaufort : “ Vendent leurs grains, fruits et légumes, denrées, à Beaufort ”. La Marsaulaye plus près d’Angers vendait ses “ grains et denrées à Beaufort et Angers ” comme La Bohalle et Corné. Brain-sur-l’Authion et La Daguenière entraient dans l’orbite d’Angers. Au marché du mercredi à Beaufort il se vend “ bled, grains de toute espèces, froment , lin et chanvre, toiles et serges ”.

Beaufort était un important marché aux blés. En 1697 selon l’intendant Miromesnil le marché de Beaufort était avec celui de Brissac le plus considérable pour les blés en Anjou 7et en 1754 Piganiol de la Force signalait un “ très grand commerce de bled ” à Beaufort8. En 1783 ce marché “  consiste en grains de toute espèce et menues denrées qui s’enlèvent pour Saumur et Bourgueil ” 9

En 1783 un “ bon marché ” se tenait le lundi au bourg des Rosiers. Deux autres avaient été supprimés à Saint-Mathurin et à La Ménitré : “ Il se tenoit à St Mathurin et à la Ménitré deux assemblées dont le produit étoit assez considérable : mais elles n’auront plus lieu ”10

Les fèves étaient vendues à Nantes, pour les Antilles ou pour les équipages des navires.11
Le commissaire du directoire exécutif auprès de l’administration municipale du canton des Rosiers nous renseigne en 1799 sur un autre débouché des fèves, moins connu, vers le Bordelais12:
Les fèves “ dont on ensemence a peu près la moitié des terres de mon canton (...)dans les temps de dizette on employe ce légume en farine qu’on mesle avec celle des autres grains pour faire du pain, en l’an 1er et en l’an 2, on en a fait sous ce rapport une grande consommation dans notre département. Et quand l’exportation par mer est libre, Bordeau en tire une très grande quantité, pour la consommation des habitants des campagnes qui sont dans l’usage habituele d’en employer la farine amalgamée avec d’autres grains pour faire leur pain. Les fèves comme légume sec, sert aussi à l’approvisionnement des vaisseaux de la République. Il seroit bien important pour le canton des Rosiers et celui du Port la Vallée [Saint-Mathurin] où on cultive aussi ce légume, que le gouvernement put en faciliter le débouché par mer pour Bordeaux, car faute de ce débouché, cette denrée est tombée à un vil prix, les fermiers ne trouvant même pas à la vendre ”

Tout comme les vins du Saumurois et les ardoises d’Angers, les blés, les fèves, et les prunes cuites de la Vallée (nous verrons plus loin les prunes) bénéficièrent de l’essor des échanges avec les Antilles, et principalement Saint-Domingue, après l’Edit du 4 juin 1671 qui exemptait “ de tous droits de sortie et autres généralement quelconques ” les marchandises destinées à ces îles.13 Une partie des productions de Saint-Mathurin partait pour Beaufort, une autre embarquait sur les bateaux aux ports.

L’assolement et les rendements.
Dans la Vallée d’Anjou la terre n’était jamais laissée en repos. En 1746 le subdélégué d’Angers écrivait à propos de la région de Beaufort “ Les terres y son semées tous les ans et rapportent souvent deux fois l’année ”14.

La culture sans jachère était pratiquée depuis longtemps. Déjà en 1529 Jehan Bourdigné écrivait que les terres de la Vallée d’Anjou étaient “ tous les ans labourées et semées sans leur donner aucun repos ou intermission. ”15

Le plus souvent les fèves alternaient avec le froment. En 1746 le subdélégué de Saumur écrivait au sujet de l’ouest de la Vallée : “ Les fèves [sont] cultivées dans les mêmes terres ou se recueille le froment ; on les sème alternativement d’année en année, et les fèves rendent la terre propre au froment pour l ‘année suivante. ”16 Leclerc-Thouin affirmait en 1843 que dans la vallée “ cette plante alterne toujours avec le froment qu’elle prépare parfaitement lorsqu’elle reçoit une légère fumure, et dont elle n’empêche pas la réussite, comme le ferait toute autre récolte plus épuisante, lorsqu’on ne lui applique pas d’engrais, pourvu que le blé soit fumé directement, conformément aux usages locaux(...) les semis commencent avec la fin de février, dès que l’état du sol et de la température le permet ”17. Si les fèves préparent si bien la terre pour le froment, c’est que cette plante membre de la famille des papilionacées, comme les haricots, incorpore beaucoup d’azote. Une fois les fèves récoltées, on enfouit le reste de la plante pour enrichir le sol.


Un rapport sur l’agriculture dans l’arrondissement d’Angers en 1812 adressé au préfet nous donne les indications suivantes pour les périodes de récoltes et de semailles18 :


Tableau 13. Périodes de récoltes et de semailles selon un rapport au préfet de 1812.

Cultures

Semailles

Récoltes

Froment

octobre

1ère quinzaine d’août

Méteil

octobre

1ère quinzaine d’août

Seigle

octobre

2ème quinzaine de juillet

Orge

mars

2ème quinzaine d’août

Fèves, haricots

mars

2ème quinzaine de juillet


La rotation “ classique ” fèves-froment était donc la suivante :

 

Semailles

Récoltes

Année 1

Fèves, mars. Froment, octobre

Fèves, juillet

Année 2

 

Froment, août

Année 3

Fèves, mars, Froment, octobre

Fèves, juillet

Année 4

 

Froment, août. etc.

L’orge ou le chanvre prenaient parfois la place des fèves dans l’assolement.
Un acte de bail à ferme de 1787 précisait que le preneur était tenu d’ensemencer moitié en froment, moitié en fèves, et “ sans pouvoir semer d’orge la dernière année ”. La raison de cette interdiction n’est pas claire. L’orge épuiserait-il davantage la terre ? 19. En tout cas il la prépare moins bien.

Le chanvre était très bien adapté au climat et au type de terrain de la Vallée, et il y disposait d’un abondant fumier. Semé fin mai ou début juin, et arraché pour le rouissage dans la première quinzaine de septembre, il risquait peu d’être victime d’une inondation. Enfin la proximité de l’Authion et de la Loire facilitait le rouissage.20 En 1774 Nicolle Demaisonneuve, juge de la grurie de Beaufort, estimait que dans le comté “ ou le quart, ou une cinquième partie des terres sont ensemencées en chanvres 21. En 1811, le maire de Saint-Mathurin affirmait que le chanvre couvrait un quart des terres labourables à Saint-Mathurin et La Bohalle, et la moitié à La Daguenière. Mais les rapports fournis la même année par les cantons des Ponts-de-Cé (qui s’étendaint jusqu’à Saint-Mathurin) et du sud-est d’Angers (concernant surtout Brain, Andard et Trélazé) s’accordaient pour dire que la culture du chanvre avait beaucoup augmenté depuis 20 ou 30 ans. Le maire de Saint-Mathurin écrivait : cette culture “ est plus active dans les communes de la Vallée pendant la guerre maritime. Les causes sont : 1°que le chanvre est plus cher dans les périodes de tems pendant lesquelles on n’en peut tirer de l’étranger, 2°que la fève de marais qui remplace le chanvre d’une manière avantageuse pour l’agriculture, dans l’assolement des terres, n’a ni débouché ni prix pendant cette guerre ”22 Ce document confirme une fois de plus que les fèves étaient essentiellement destinées à l’exportation.

Des rendements élevés.
En 1812, les besoins en froment à Saint-Mathurin étaient de 11856 hectolitres, dont 1500 pour les semences, soit 1 pour 7,9. Or la récolte était considérée comme habituellement suffisante, donc le rendement brut année courante était supérieur à 1 pour 8. En 1810, une année qualifiée d’assez bonne (la récolte paraît excéder les besoins de 3/10e en Maine-et-Loire), le rendement brut à Saint-Mathurin était estimé à 1 pour 9 ou 10 selon les documents, contre 6,7 dans l’ensemble de l’arrondissement d’Angers, 8 à La Bohalle, 9,7 à La Daguenière et 9,3 aux Rosiers. En comparaison, le rendement brut était la même année de 1 pour 5 à 1 pour 6 dans l’arrondissement de Beaupréau 23.

Les inondations :
Les fortes productions des terres de la Vallée étaient modérées par les fréquentes inondations, qui détruisaient une partie des récoltes. En 1799, Tessier Du Mottay commissaire auprès de l’administration des Rosiers écrivait : “ ce qui cause cette année un déficit d’un dixième sur les récoltes prises au résultât se sont d’abord les grandes eaux provenant des débordements de l’Authion, des infiltrations et sources poussées dans la vallée par la Loire. Toutes ces eaux sejournant trop longtemps sur les terres ont étouffé et pouri le germe des bleds déjà semés ou empêché de semer ceux qui ne l’étoient pas. ”24. La même année, dans le canton de Mazé, “ les eaux qui ont submergé presque la totalité de nos meilleures terres ont nécessité le remblavage, ce qui a ôté beaucoup de grains dans les communes ”25.

Ces pertes étaient fréquentes : la municipalité de La Bohalle écrivait en 1791 “ presque tous les ans, deux à trois fois le terrain est couvert d’eau que consequament leurs premières semences perit et nos travaux, sont perdus ; que l’on est obligé de resemer très tard des orges, fèves, avoines et chenevy, que nous ne cueillons des grains que presque de quoy nous faire vivres et que par une conservation du paccage des communes ”.26 Une description destinée à apitoyer, mais qui comporte un fond de vérité. Les inondations, qui permettaient l’existence de riches prairies naturelles, pouvaient s’avérer catastrophiques quand elles survenaient au mauvais moment.

Les vignes et pruniers.
La “ carte générale de l’élection d’Angers ” signale les pruniers comme une culture importante à Saint-Mathurin, La Bohalle, Les Rosiers et La Daguenière. Avec les fèves et chanvres, ils constituent “ un des principaux revenus de la paroisse ”, c’est à dire une des principales exportations, source de revenus extérieurs.

Bruneau de Tartifume prétendait qu’en 1500 l’Anjou trafiquait des pruneaux cuits en Angleterre, Flandre et Italie.27 Toujours est-il que le “ Tableau de la Généralité de Tours ” de 1762-66 indique que “ La Vallée d’Anjou produit beaucoup de prunes qu’on fait cuire ” ainsi que “ des pruneaux noirs pour teinture ”. Il passait chaque année au bureau des traites de Saumur 758 760 livres de fruits cuits vers Nantes, et 102 900 livres vers Paris.28

D’après ces indications il est probable que les prunes de Saint-Mathurin et des paroisses voisines suivaient le même trajet et le même conditionnement. Les prunes cuites de la Vallée d’Anjou se joignaient aux exportations tourangelles de “ prunes cuites et à demi cuites, connues sous le nom de pruneaux de Tours ”, et d’ “ abricots, alberges, prunes, etc., en confitures sèches et liquides ” transportées par bateaux sur la Loire.29

Le vin n’apparaît pas dans la “ carte générale de l’élection d’Angers ”. En effet les vins de Saint-Mathurin, contrairement à ceux du Saumurois, n’étaient pas bien fameux et se vendaient peu à l’extérieur. Selon un responsable de la Régie des aides, en 1783 le département des Rosiers (Les Rosiers, Saint-Mathurin, Saint-Clément-des-Levées, Saint-Martin-de-la-Place) “ donne un produit assez satisfaisant quand les vins ne sont pas trop commun ; ceux qu’on y recueille ne font point de tort au débit et n’entrent point dans le commerce du détail parce qu’ils sont d’une trop mauvaise qualité. ils se consomment par les propriétaires et s’enlèvent pour la boisson des mariniers. 30 En résumé les habitants de Saint-Mathurin achetaient une partie de leurs vins à l’extérieur, contribuant au produit de la ferme des aides. Mais ils gardaient pour eux le vin qu’ils produisaient, sauf quand ils pouvaient le vendre à des mariniers peu regardants sur la marchandise.


Vignes et pruniers étaient presque toujours associés. La grande majorité des maisons louées ou vendues à la fin du XVIIIème siècle avaient sur leur “ appartenance ” (la parcelle sur laquelle était construite la maison) des “ pruniers et volliers ”, c’est à dire des pruniers portant de la vigne. Mignot de Montigny signalait en 1752 “ au pied des levées à l’entrée de l’Anjou des vignes qui s’élèvent sur des arbres fruitiers comme en Italie. ” 31 Plus en aval, à Saint-Mathurin, ces arbres associés à la vigne étaient exclusivement des pruniers, même si d’autres arbres fruitiers (poiriers, pommiers…) existaient sur les “ appartenances ”. On retrouve ces vignes et pruniers sur le cadastre napoléonien32. Ces plantes associées se trouvaient surtout aux abords des maisons, même si l’on pouvait les trouver sur des parcelles isolées. Dans les actes de vente et baux à ferme de la période 1785-89, on trouve quelquefois des vignes sans pruniers, ce qui était suffisamment rare pour être signalé33. Le cas est beaucoup plus fréquent sur les plans du cadastre napoléonien. Il est possible que ces plans omettent de signaler les pruniers, ou bien le commerce des prunes cuites étant handicapé par la guerre sur mer, que les arbres malades n’aient pas été remplacés, et que le nombre de pruniers ait fortement diminué par rapport à l’Ancien Régime.


Les parcelles étaient ensemencées entre les rangs de vignes et de pruniers. Les bailleurs se réservaient le raisin ou les prunes, mais assez rarement, à cause des problèmes posés par la récolte (droit de passage sur des terres cultivées, alors que la moisson est proche…voir le document 3 page 163). Un bailleur méticuleux précisa même “ les dits preneurs lorsqu’ils laboureront le dit terrain seront tenûs de mettre des sacs à la bouche de leurs chevaux de peur qu’ils n’endommagent les vignes ”34

Les étapes de la préparation du chanvre.
L’importance du chanvre était sans rapport avec la place relativement modeste qu’il occupait en superficie dans les cultures de la Vallée, car sa transformation en filasse puis en fil fournissait aux habitants de la Vallée un travail de complément pendant toute l’année. Il occupait donc une place à part parmi les cultures, et chaque habitant y consacrait une petite parcelle de terre.

Le rouissage.
Nous avons vu que le rouissage du chanvre était rendu en partie responsable des débordements de l’Authion. Dans la Vallée d’Anjou, le chanvre était surtout roui dans les ruisseaux près de l’Authion, même s’il était autorisé dans le cours de la Loire, à la queue des îles 35. On aperçoit d’ailleurs du chanvre mis à sécher, sur la vue de Saint-Mathurin en 1809 qui illustre la couverture de ce mémoire. En 1783 M. de Narcé écrivait : “ Chaque habitant établit son rutoir, ou selon l’expression du pays, son rouissage, dans le milieu de la rivière. Sa superficie en est couverte, & le cour intercepté. Pour que ces chanvres soient à une profondeur convenable dans l’eau, on les charge de terre & de gazon pris sur le rivage, & lorsqu’on les en tire, on jette dans la rivière tous les décombres qui les couvroient. ” 36 Le but était de faire pourrir le bois pour libérer les fibres, ce qui prenait jusqu'à 2 semaines.37

Les règlements donnés par la grurie de Beaufort38 en 1725, 1763, 1774, 1788 interdisaient de rouir le chanvre dans la rivière. “ cela ruine la dite rivière, cause l’encombrement et tue le poisson ” (1725).

Mais de peur que “ les colons et cultivateurs sans ressource seroient necessités de cesser cette culture au grand préjudice des fabriques de toiles etablies en cette ville, et en celle d’Angers ” il était permis de rouir son chanvre dans “ eaux dormantes et rouissoirs ordinaires, appelés doüets, non communicables auxdittes rivières, et à défaut (...) de se servir des canaux ou fossés qui ont communication auxdittes rivières, mais à la charge de fermer les ouvertures avec chaussées assez solides et qui puissent être ouvertes avant la fin du mois d’octobre ” (1774).

Ces règlements furent peu respectés, comme le montre le texte de Narcé en 1783, et l’Authion servit toujours au rouissage. D’ailleurs les juges étaient souvent indulgents envers les contrevenants. En 1748 un marchand de Saint-Mathurin, pour du chanvre dans l’Authion, n’était condamné qu’à 10 livres d’amende contre 20 livres et confiscation des chanvres d’après les règlements. En 1755, trois cultivateurs de Mazé, pour la même cause, étaient condamnés solidairement à 6 livres d’amendes et frais de saisie, et ils récupèrent leurs chanvres “ eu égard à l’usage quoyque abusivement toléré depuis quelques tems par les sergens gardes des rivières ”.39

Le travail à domicile.
Après avoir séché et blanchi au soleil dans les prés ou sur les grèves de sable de la Loire, le chanvre était broyé et filé à domicile. Le broyage et le filage du chanvre fournissaient un travail de complément pendant l’hiver. Toutes les familles étaient concernées.

Sur 37 inventaires de biens de communautés, étudiés durant la période 1763 et 178740 (utilisés aussi pour l’étude du bétail, page 112), et qui indiquent la profession de l’époux, 31 attestent le travail du chanvre à domicile. Il apparaît par des “ travouils ” (dévidoirs), des fuseaux, des paquets de chanvres teillés ou à teiller, des paquets de filasse, de grosses quantités (de 10 à 30 livres) de “ fils de brain ”, en “ réparon ” ou non (à partir de mauvaise filasse). Le plus souvent ces divers éléments s’ajoutent. Ils se retrouvent dans de nombreux milieux : aussi bien chez un maître de musique, des journaliers, des artisans, des “ bêcheurs ”, ou de riches fermiers.

Il fallait enlever les impuretés, et présenter des écheveaux de filasse souple et solide. On passait le chanvre dans un four. Puis on martelait les tiges avec une “ mailloche ” (un maillet), et on les passait à la “ braie ”, un chevalet articulé pourvu de dents, qui permettait de briser la partie ligneuse. Après un peignage, la filasse était prête à la vente.41

Leclerc-Thouin décrivait ainsi en 1843 la journée des familles qui subsistaient grâce au chanvre : “ Pendant la saison du broyage, c’est à dire pendant le temps qui s’écoule d’une saison agricole à l’autre, la famille entière du cultivateur se lève avant quatre heures du matin pour façonner le chanvre ou le lin qui a été mis au four la veille. Vers neuf heures on le chauffe à nouveau pour lui en confier d’autre qui n’en sortira que le lendemain matin ”.42

Les particuliers vendaient une partie de la filasse obtenue aux “ filassiers ”, “ chanvrier ”, “ filtoupiers ” ou “ poupeliers ” qui préparaient la filasse pour les cordiers et toiliers.43

Le reste était filé à domicile par les cultivateurs. Les particuliers vendaient leur fil, ou bien le confiaient à des tisserands locaux. Les inventaires après décès signalent parfois du fil de chanvre en dépôt chez des tisserands.

Dans un mémoire présenté en 1790 à l’Assemblée Nationale les représentants des paroisses du comté écrivaient que l’habitant “ s’adonne à la filature avec d’autant plus d’empressement qu’ayant sous la main la matière première , il n ‘est point obligé de faire d’avances pécuniaires pour se la procurer, qu’en vendant son fil, il y trouve le double profit de grossir le prix de la matière première, et de se dédommager du temps qu’il a employé à la travailler ”44

Leclerc-Thouin abonde dans le même sens. Alors que les habitants des campagnes éloignées des cours d’eau ne spéculaient que sur le produit brut de la récolte, “ les fermiers de la Vallée, au contraire, ajoutent, comme on a vu, aux bénéfices de la culture, ceux de la préparation de la liasse (...) pour eux le travail est un capital inépuisable dont ils retirent chaque jour, presque chaque heure, un haut intérêt 45

En décembre 1794 les municipaux de “ Port La Vallée ” (Saint-Mathurin) s’opposaient à une réquisition générale de leurs chanvres entre autre “ par égard pour les malheureuses familles qui n’ont d’autre ressources pour se procurer la nourriture pendant l’hivert, que le produit de quelques livres de chanvre qu’ils convertissent pour cela en fil ”. Ils avançaient aussi comme argument que les domestiques étaient gagés partie en argent et partie en toiles. On retrouve donc ici les liens qui unissaient directement les producteurs de chanvre aux tisserands locaux 46.

De plus, “ la reception, chargement, et livraison de ces chanvres apportés par paquets par 3 cent individus et plus et à différentes fois nécessite la présence continuelle et assidue d’un homme nommé ad hoc. ”47.

Plus de 300 cultivateurs de chanvre, alors que la commune comptait 418 ménages en 1794 : le chanvre était donc une culture pratiquée par la majorité des habitants. La municipalité avait bien compris l’avantage qu’une nombreuse population pouvait tirer de la facilité de la culture du chanvre dans la vallée. En 1790, en réponse à une enquête sur la pauvreté et les moyens d’y remédier, la municipalité de Saint-Mathurin avait proposé l’installation d’une filature.48

Les débouchés du chanvre de la Vallée.
Les manufactures de toiles.
Angers était un centre textile ancien. Déjà le roi René avait réglementé le travail des tisserands à Angers. De même, dans la Vallée, vivaient de nombreux tisserands, réunis à Beaufort dans une confrérie de St Sévère. 49

En 1723 “ il se fabrique à Beaufort et aux environs de cette ville quantité de toiles de chanvre ” de diverses qualités. “ Les Rochelois en tirent beaucoup en écru ; & il s’en envoye quantité de blanches dans les Isles Françoises de l’Amérique (...) les plus fines de ces toiles servent à faire des draps, des chemises & d’autres semblables lingeries ; & pour ce qui est des autres, elles s’employent en menues voiles de navire, et pour des emballages ”.50

Mais cette industrie stagnait au milieu du XVIIIème siècle.
En 1748, l’inspecteur Aubry signalait à Beaufort 230 métiers, dont le quart seulement était employé. En 1750 le manufacturier Deshayes écrivait à l ‘intendant “ les anciens de cette ville assurent avoir veu 600 métiers battants à Beaufort et disent qu’il n’y en a pas actuellement 200 51.

Entre 1748 et 1750, ce même Deshayes (qui avait déjà fondé en 1734 une manufacture textile à Saumur) demanda l’autorisation de fonder deux manufactures de toiles à voiles dans les villes d’Angers et de Beaufort.52 La proximité de la Loire qui facilitait le transport des toiles vers la mer, la présence de nombreux tisserands et l’importance de la production locale de chanvre influencèrent ce choix.
En 1790, les représentants des paroisses du Comté faisaient valoir que “ les manufactures royales de toiles à voiles & marchandes, établies dans ces deux villes, doivent en partie au voisinage du ci-devant comté la facilité, la possibilité même où elles se trouvent d’étendre leur commerce. Les chanvres & les fils leur coutent moins, car ils les tirent de la première main, les frais de transport sont modiques. ”53

En 1750, l’intendant était favorable à ces créations “ par l’emploi des chanvres que l’on recueille dans le pays en très grande abondance et dont une grande partie passe à l’étrangers, parce que la fabrique de Beaufort, d’Angers et des environs n’est pas beaucoup près assez considérable pour les consommer ”. Deshayes obtint donc un privilège de 10 ans dans les élections d’Angers et de Baugé pour les toiles à voiles “ façon de Russie ”.54

En 1755, la manufacture de Beaufort comptait déjà 110 métiers battants55, approvisionnait la Marine Royale (se substituant rapidement aux centres textiles de la région de Locronan), la Compagnie des Indes, des armateurs de La Rochelle et de Bordeaux..

La manufacture d’Angers, qui devint la plus importante, avait été divisée suite à la mésentente entre les actionnaires, en deux puis en trois manufactures séparées, qui furent regroupées en 1789-90 lorsque l’un des manufacturiers racheta ses concurrents (y compris la manufacture de Beaufort).56 Elle connut aussi de graves difficultés, causées par la grande irrégularité des commandes, et par la difficulté à faire payer ses commandes à l’Etat.

En 1790, la manufacture de Beaufort, déclinante, devenue succursale d’une manufacture d’Angers, comptait encore lors de sa vente 136 métiers.57 Il existait aussi à Beaufort une fabrique de toile à linge. En 1810, la manufacture de Beaufort employait 300 métier, 170 tisserands, 145 ouvriers (dont 50 filassiers), et 1000 fileuses à l’extérieur58.

Malgré ces difficultés les manufactures d’Angers et de Beaufort stimulèrent la culture du chanvre et permirent d’absorber la production locale qui ne leur suffisait même plus. Une enquête de 1762-66 indique que la Manufacture d’Angers “ emploie des chanvres du pays; mais comme ils ne sont point en quantité suffisante, on en tire des provinces voisines et de l’étranger ” 59 En 1778 la sénéchaussée de Beaufort établissaient, à la demande des entrepreneurs de la manufacture, un procès-verbal constatant l’état de 74 272 livres (37 tonnes) de chanvre gâté, provenant d’Ancône en Italie. Il avait été amené de Nantes par un voiturier par eau jusqu’au port du Pas au Blanc aux Rosiers, port ordinaire de la manufacture60.

Les corderies.
En 1811, selon le maire de Saint-Mathurin, les trois-quarts des chanvres de la Vallée étaient expédiés bruts à Nantes et dans les arsenaux de la marine impériale61. Mais il est difficile d’en tirer des conclusions pour le XVIIIème siècle.

D’autre part, il existait au XVIIIème siècle d’importantes corderies à Angers qui travaillaient aussi pour la marine, et des cordiers habitaient dans les villages de la Vallée. Ces derniers travaillaient pour les cultivateurs et pour les mariniers.

Les tisserands locaux.
Les manufactures n’étaient pas seules à tisser le chanvre de la Vallée ; des tisserands étaient aussi disséminés dans les villages de la Vallée, y compris à Saint-Mathurin. En 1781 à Beaufort même, 133 hommes et dix femmes avaient chez eux un métier à tisser.62

La vente des graines de chanvre.
Cette production très importante au XIXème siècle dans la vallée63 existait déjà au XVIIIème. En l’an 9 (1800-1801) la municipalité de Saint-Mathurin se plaignait des usurpations sur les communes qui menaçaient “ l’agriculture de la vallée cette terre si productive en grains de chanvre et en légumes de toute espèce ” 64 En 1794 un autre document, de la commune d’Andard cette fois, faisait allusion aux graines de chanvre destinées à la vente : “ pour le chenevis la récolte n’a pas été bonne le chanvre n’ayant rien valu ni pour la graine ni pour la filasse ”.


NOTES DE BAS DE PAGE (WEB)

1 Célestin Port “ Les inondations dans le département de Maine-et-Loire. ” dans Questions Angevines page 107, et R.A., 1856, T1.
2 A.D.M.L., C 328.
3 A.D.M.L., 1 L 455
4 A.D.M.L., 2 L 53
5 A.D.M.L., 1 L 455
6 A.D.M.L., C 328. 1790.
7 “ Mémoire sur l’Anjou ” de Miromesnil intendant de Tours 1697, dans Marchegay Archives d’Anjou. Page 8.
8 Piganiol de la Force nouvelle description de la France (...) et la description des villes (...) et des monuments les plus remarquables. 3e édition , Paris 1754, tome 12/13, page 200.
9 Jouve “ Mémoire sur les localité ”, directeur de la régie des aides dans la division de Saumur et de Baugé. 10 juin 1783. Repris dans M. Bouloiseau “ Une source peu connue de l’histoire économique et sociale : les rapports des directeurs de la régie des aides et droits réunis. L’exemple du Saumurois (1783) ”. Dans Bull. d’Histoire Economique et Sociale de la Révolution Française, 1969, page 160.
10 Jouve “ Mémoire sur les localité ”, loc. cit., page 155.
11 François Lebrun Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles.  page 64, citant une enquête de 1746 : A.D.I.L., C 337.
12 A.D.M.L., 1 L 454. Statistique agricole. Tessier Lamotte [ou Du Mottay] 14 nivôse an 7 (3/1/1799). Le canton des Rosiers regroupait Les Rosiers, Saint-Martin-de-la-Place et Saint-Clément-des-Levées.
13 Roger Dion. Le Val de Loire. Etude de géographie régionale. page 598
14 François Lebrun. op. cit. 17e et 18e siècles page 64.
15 Chroniques d’Anjou et du Maine. éd. de Quatrebarbes (1842) page 22, cité par Roger Dion, op. cit. page 596.
16 François Lebrun, op. cit. page 64.
17 O. Leclerc-Thouin. L’agriculture de l’ouest de la France étudiée plus spécialement dans le département de Maine et Loire, page 344.
18 A.D.M.L., 7M59. Rapport sur l’agriculture dans l’arrondissement d’Angers, 1812.
19 A.D.M.L., 5E16/276. Bail à ferme du 11/5/1787, par Echerbault maître chirurgien à Mazé
20 Roger Dion, op. cit. page 600.
21 A.D.M.L., 8-B-37. Ordonnance sur le rouissage du chanvre. 24 août 1774.
22 A.D.M.L., 7M95. Enquêtes sur le chanvre. Rapport du maire au sous-préfet le 12/7/1811. Rapports cantonaux de 1811.
23 A.D.M.L., 7M59. Etats de situation des récoltes. Les rendements en froment à Mazé (1 pour 6), Corné (1 pour 7) et Beaufort (1 pour 5,7) sont nettement plus faibles. Les terres sont-elles moins favorisées, car en partie hors de la vallée, ou est-ce conjoncturel ? Les informations manquent.
24 A.D.M.L., 1 L 455. Réponse à une enquête sur les récolte, 13 brumaire an 8, 4/11/1799.
25 A.D.M.L., 1 L 454
26 A.D.M.L., 1 L 490.Extrait des registres des délibérations, 5/5/1791.
27 J. &C. Fraysse Loire angevine et Maine page 40.
28 Tableau de la Généralité de Tours 1762-66, partie angevine éditée dans Tableau de la Province d’Anjou, Abbé Uzureau, 1901, page 101.
29 Tableau de la Généralité de Tours, 1762-66, partie tourangelle citée par Roger Dion, op. cit. page 591
30 Jouve “ Mémoire sur les localité ”, loc. cit. page 154.
31 Mignot de Montigny Voyage dans l’Orléanais, le Blésois, la Touraine, l’Anjou et la Bretagne. 1752. page 84. Edition critique par M. T. Cottenceau, 1986.
32 A.D.M.L., 3P4/320/1. Cadastre napoléonien 1808-1810.
33 A.D.M.L., 5E16/277. Bail à ferme d’un morceau de terre affié de “ quelques prunniers sans vigne ” au pas Reverdy, terroir du Chardonnay. 1/3/1789.
34 A.D.M.L., 5E16/275. bail à ferme Francois Pierre, pêcheur, le 10/3/1786.
35 A.D.M.L., 8 B 48. Procès-verbal d’août 1768.
36 A.D.M.L., C 42 Mémoire dans lequel on établit les avantages du nettoiement de la rivière d’Authion.... 1783, par M. de Narcé.
37 Maurice Poperen. Filassiers, cordiers, et toiliers d’Anjou. page 7
38 A.D.M.L., 8-B-37.
39 A.D.M.L., 8 B 47. Procès-verbal du 6 septembre 1755, décision du 14 septembre.
40 A.D.M.L., 5E16/209, 265, 272,273,274,275, et 276.
41 A.D.M.L., 7M95. Rapport sur la culture du lin et du chanvre en Maine-et-Loire. 1811.
42 O. Leclerc-Thouin, op. cit. page 311.
43 Maurice Poperen, op. cit. pages 7 et 8.
44 Archives de Beaufort : N 10 (4) mémoire présenté à l’Assemblée Nationale par les seize paroisses du ci-devant Comté de Beaufort, en faveur de la possession indivise de leurs Communes ; précédé de la délibération qui en a ordonné la rédaction. (délibération du 21/9/1790). page 15.
45 O. Leclerc-Thouin, op. cit. page 316.
46 Confirmé par A.D.M.L., 5E16/273. Inventaire des meubles de la communauté René Normand-Louise Rozé. Dettes passives : “ A Alexandre Desfoÿers domestique la somme de dix huit livres et six aulnes de toille de Brain en reparon laissivé (…) à Renée Olivier fille, pour gages domestiques (…) vingt quatre livres faisant le surplus de trente livres et quinze aulnes de toille de Brain en reparon aussy lessivée 
47 A.D.M.L., 1 L 644.
48 A.D.M.L., 1 L 402. Statistique charitable.
49 Victor Dauphin Recherches pour servir à l’histoire de l’industrie textile en Anjou. page 105.
50 Savary Dictionnaire universel de commerce 1723 . T II page 1754. article “ toiles ”.
51 Victor Dauphin, op. cit. page 105, et page 106 (cite un document A.D.I.L., C 132) .
Maurice Poperen (Filassiers, cordiers et toiliers d’Anjou.)signale, page 13 une note de l’Intendant vers 1748 indiquant que “ la cité compte plus de 200 métiers en état de marche, mais un tiers seulement fonctionne, car le travail fait défaut ”. Peut-être l’intendant s’est-il inspiré de la note de l’inspecteur.
52 Victor Dauphin, op. cit. pages 94 à 100.
53 Archives de Beaufort : N 10 (4) “ mémoire présenté à l’Assemblée Nationale par les seize paroisses du ci-devant Comté de Beaufort, en faveur de la possession indivise de leurs Communes ; précédé de la délibération qui en a ordonné la rédaction ”. (délibération du 21/9/1790). page 15.
54 Victor Dauphin, op. cit. page 100.
55 Victor Dauphin, op. cit. page 111.
56 Maurice Poperen, op. cit. page 14.
57 Maurice Poperen, op. cit. page 18.
58 Victor Dauphin, op. cit. page 189.
59 Tableau de la Généralité de Tours 1762-66, partie angevine publiée dans Tableau de la Province d’Anjou, Abbé Uzureau, page 91.
60 A.D.M.L., 3 B 111. Procès-verbal du 9 au 17/10/1778.
61 A.D.M.L., 7M95. Enquêtes sur le chanvre. Lettre du maire de Saint-Mathurin le 12/7/1811.
62 Joseph Bodet. La manufacture de toiles à voiles de Beaufort . 1953, page 21.
63 O. Leclerc-Thouin. op. cit. page 305. En 1843, il écrit que les graines de chanvre utilisées dans la vallée de la Sarthe sont achetées à La Daguenière ou La Bohalle.
64 A.D.M.L., O-995