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3) Les exploitations agricoles.

De nombreuses parcelles de petite taille, indépendantes des bâtiments d’exploitation.
La taille des parcelles.
Nous avons vu que la densité de population agricole était très élevée, et que ces cultivateurs étaient désignés comme « bêcheurs ». Selon Roger Dion, l’importance du travail à la bêche était liée à la densification du travail de la terre, et au morcellement des propriétés. Et Tessier du Mottay, fermier d’une partie des Domaines du Roi dans le comté, écrivait en 1779 que le fief de Beaufort « s’étend dans une longueur de sept lieues sur le terrain le plus riche, le plus habité et peut-être le plus morcelé en propriétés particulières qu’il y ait dans le royaume. »1

L’étude de 91 baux passés devant les notaires Rogeron et Daillé entre 1786 et juin 1789, dont nous avons déjà parlé, confirme le morcellement des parcelles. 30 baux concernaient des maisons, et 56 (61%) des terres labourables affermées sans bâtiments d’exploitation, terres appelées « volantes ». 5 baux concernaient des prés détachés de maisons ou terres labourables.

Ces 91 baux à ferme contenaient 117 parcelles de terre labourable à Saint-Mathurin, hors de « l’appartenance » des maisons. L’appartenance était le terrain sur lequel la maison était assise. Ces 117 parcelles représentaient 550.56 boisselées, soit à peine 4.7 boisselées par parcelle (0.39 arpents, 0.26 hectare). De plus, la grande majorité des parcelles étaient comprises entre 1 et 5 boisselées. Quand on étudie les partages de terres après décès, à Saint-Mathurin, entre 1760 et 1789, on constate que plus des trois quarts des parcelles étaient inférieures à quatre boisselées.

Parmi les 550.56 boisselées hors des « appartenances », affermées dans ces 91 baux, seules 49.17 boisselées étaient affermées en même temps qu’une maison. Soit 9%.

Les « appartenances » des maisons dans les actes de location
Parmi les trente baux comprenant des maisons, plusieurs ne concernaient pas des exploitations agricoles : quatre étaient pour la seule auberge de la Croix Verte, qui connaissait à cette époque une histoire compliquée. (Deux sous-fermiers séparaient le propriétaire du tenancier). Un bail était pour une partie de l’auberge du Dauphin, et un pour la grande maison du bourg appelée « l’aumônerie » affermée au desservant en attendant la construction du presbytère. Parmi les vingt-quatre autres maisons, six étaient affermées à des bêcheurs, trois à des journaliers, une à un laboureur, une à un pâtre, et le reste à des artisans et à quatre veuves. La taille des « appartenances » était réduite.


Les appartenances des maisons représentaient environ 117 boisselées, dont 40 pour une seule maison. 2. Mais les vingt autres « appartenances » dont on connaît précisément la superficie faisaient 3.17 boisselées en moyenne, soit 1743 mètres carrés, ou 0.17 hectares. La présence des vignes et pruniers est attestée dans seize de ces vingt quatre « appartenance », et celle des vignes dans quatre autres. Quant aux 4 dernières, les informations manquent.

Au total, les terres affermées avec des habitations (« appartenances » ou autres) représentaient 25% de la surface des terres affermées, et les terres volantes 75%.

Les « appartenances » à travers les actes de vente.
J’ai déjà dit que pendant la même période, 6 actes de vente sur 58 seulement concernaient une habitation. Les terres dites « volantes » représentaient donc 89.7% des actes de vente. Parmi ces six actes de vente, deux concernaient une maison, et une chambre de la maison de « l’Aumonerie » dans le bourg, sans terres, avec simplement un accès à une cour commune. Les quatre autres étaient vendues à deux veuves de cultivateurs, un bêcheur et un fermier. La superficie moyenne des « appartenances » de ces quatre maisons était de 2.2 boisselées. Une seule était vendue avec une autre parcelle, de 0.6 boisselées. Ces superficies représentaient entre 5 et 10% des superficies vendues durant cette période.


Les terres dites « volantes » étaient donc très nombreuses à Saint-Mathurin : elles représentaient 75% des superficies affermées, « appartenances » comprises, et plus de 90% des superficies vendues, dans l’échantillon étudié entre janvier 1786 et juin 1789. Les centaines d’actes de vente et baux à ferme que j’ai consultés, passés entre 1757 et 1785, confirment la prédominance des terres volantes dans les actes de vente et baux à ferme à Saint-Mathurin, mais aussi à La Bohalle, à Mazé et aux Rosiers.

Cette part importante des terres « volantes » était peu courante. A Carbay par exemple « Chaque unité est baillée avec la quantité de terre qui lui est attachée. Il est très exceptionnel de rencontrer des actes ayant trait à des baux de « terres volantes » »3. A Huillé, les terres « volantes » représentaient 27% des superficies.

Des parcelles en lanières.
L’étude du cadastre napoléonien de Saint-Mathurin4 révèle la fréquence des parcelles très allongées, avec des rapports entre les côtés allant jusqu’à un pour quatre-vingt. Ces nombreuses parcelles parallèles n’étaient séparées que par des bornes, et constituaient de grands espaces ouverts. Ces ensembles de parcelles allongées étaient constitués essentiellement de terres labourables, mais les prairies soumises à un droit d’herbage et divisées entre de nombreux propriétaires suivaient le même modèle en lanières.

Mais toutes les terres n’avaient pas cette forme, et toutes les parcelles n’étaient pas ouvertes sur les autres. Ces espaces ouverts s’entremêlaient, dans des proportions très variables selon les terroirs, avec des parcelles fermées par des haies et fossés contenant généralement des prés non soumis à des droits de pâture, ou bien des terres labourables dans les quelques terroirs où les prés dominaient.

Roger Dion associe la multiplication des parcelles étroites à « la constitution de petites unités d’exploitation, la pratique des cultures spécialisées et l’accroissement de la population rurale (…) de tous les modes de morcellement qui puissent permettre à un grand nombre de cultivateurs de participer à l’exploitation d’un territoire restreint, le plus commode, et souvent le plus équitable, est celui qui aboutit à la formation des parcelles en minces lanières. Le laboureur, à égalité de surface, trace plus aisément un petit nombre de sillons longs qu’un grand nombre de sillons courts ». Il explique aussi ces lanières de terres par la volonté de créer des lots de même valeur lors des partages5.

La lecture des actes de partage de biens immeubles après décès et l’étude du cadastre napoléonien suggèrent une explication complémentaire. Beaucoup de ces nombreuses parcelles de petite taille ne touchaient pas les chemins qui entouraient les « terroirs », et donnaient donc lieu à des droits de passage, contraignants pour les deux partis. Les partages de terres contenaient très souvent des chapitres de ce type : « se souffriront passage les uns les autres pour l’exploitation des domaines compris au présent partage le tout à perpétuité et en temps et saisons convenables et sans se causer de dommages que le moins possible. »6 En 1784 un propriétaire présenta une requête au Sénéchal de Beaufort pour qu’il fut défendu à deux voisins de passer sur son terrain. Il parvint à leur vendre 90 livres un droit de passage « tant à pied, cheval, qu’avec bœuf, charettes et charrues »7.


On essayait donc, lors des partages, d’organiser le découpage des parcelles de manière à limiter ces droits de passage. Or la forme allongée était la plus adéquate pour réduire ou éviter les passages sur les parcelles d’autrui, et rapprocher les terres des chemins. La taille des parcelles était si petite par rapport à la taille des « terroirs », entourés par les chemins, que sur beaucoup de ces terroirs, un découpage en carrés aurait conduit les propriétaires des terres situées au milieu, à traverser dix à vingt parcelles avant d’arriver à la leur. En réalité, d’après le cadastre napoléonien, il était très rare d’être obligé de passer sur plus d’une parcelle appartenant à autrui.

Les grands domaines.
Même si, comme l’écrivait Tessier Du Mottay en 1779, « rien de si ordinaire ici que le démembrement des métairies en morceaux détachés, que le passage enfin de la grande culture à la charrue à la petite culture à bras »8, quelques grands domaines existaient.

Nous avons vu que La terre de La Marsaulaye regroupait 30 arpents en 17899, le domaine de Beaulieu 42,4 arpents en 176610, la terre de l’Herbelottière 48 arpents 1/3 en 168011. Existaient aussi la Maison de la Cohue (14 arpents)12 , la métairie de la Rouillière13 celle de la Bussonnière, et enfin celle de la Grande Tassinière, ancienne seigneurie de 27.75 arpents au XVIIIème siècle14. Ces domaines avaient conservé une relative unité, et étaient constitués de très grandes parcelles (souvent plus de 10 arpents). Ils n’avaient pas connu le morcellement provoqué sur les autres terres par la pratique des partages successoraux en parts égales.


Ces domaines étaient souvent appelés métairies, mais en réalité, ils ne constituaient pas réellement des exploitations agricoles, car ils étaient divisés entre plusieurs exploitants. Ils étaient pris à ferme par de riches laboureurs et marchands-fermiers, qui en affermaient ensuite des parties, par petits morceaux, à des bêcheurs ou laboureurs :

- En avril 1789, le fermier de La Marsaulaye affermait 62 boisselées à 5 cultivateurs et groupes de cultivateurs, en morceaux de 5 à 24 boisselées.

- En 1769 le fermier de Beaulieu affermait 9 arpents à un seul bêcheur, avec une partie du logis seigneurial partagé avec un autre locataire, et 15 arpents à 7 familles de bêcheurs, soit 2.14 arpents par sous-fermier.15

- En 1757, le marchand-fermier des 27.75 arpents de la « grande Tassinière », affermait 19 arpents 2 boisselées à 12 fermiers16. Soit 1.6 arpents par fermier.

- En 1763, le sieur Yves Esmery fermier de l’Herbelottière affermait 15 arpents 3 boisselées de ce domaine à 8 fermiers, soit 1.9 arpents par fermier17.Et il est probable que d’autres parcelles avaient été affermées, qui ont échappé aux recherches. En effet, si le fermier de la « Grande Tassinière » avait regroupé le même jour tous ses « sous-fermiers », d’autres riches fermiers passaient des actes, morceau par morceau, tout le long de l’année, et auprès de notaires différents.

De plus, il arrivait que les « sous-fermiers » afferment à leur tour ces terres à d’autres cultivateurs, en parcelles encore plus petites. Ces découpages se faisaient en lanières parallèles pour faciliter le découpage et l’accès aux parcelles.

On appelait métairies des domaines qui auraient paru bien petits hors de la Vallée. En 1787, le fermier de la moitié de la métairie de la Bussonnière n’en avait eu que 6 arpents18. Et des 30 arpents de la terre de La Marsaulaye, 12 arpents constituaient une métairie dite de la basse cour.19. Les 14 arpents de la Maison de la Cohue constituent le plus grand ensemble de même origine que j’ai trouvé dans une même exploitation agricole.

Les maisons et dépendances.
Parmi les vingt-quatre maisons louées de 1786 à juin 1789, et susceptibles d’être le centre d’une exploitation agricole, quinze n’avaient qu’une « chambre de maison », sept en avaient deux, une en avait trois et la dernière six (affermée à un serrurier). Soit 53 « chambres » au total.

Trois de ces « chambres » étaient « terrassées » ou en « terrasse », c’est à dire faites d’une sorte de torchis collé à une structure en bois légère. Trois autres étaient en colombage et « terrasse » entre les poutres. Ce mot terrasse avait donné naissance à la profession de « terrasseur »20.

Les matériaux des autres chambres ne sont pas précisés. Mais les actes de ventes et devis de réparations consultés sur la période 1757-1789 (plus précis que les baux de locations), ainsi que les bâtiments antérieurs au XIXème siècle qui subsistent à Saint-Mathurin, font penser que ces chambres étaient majoritairement en tuffeau, et que ce n’était pas précisé car habituel.

Les maisons possédaient presque toutes une cheminée et un four, mais dans une seule pièce. Dans un cas, la maison n’avait qu’une cheminée, et dans deux autres cas les bailleurs s’engageaient à construire un four, l’un en pierre et l’autre « en terrasse ». Il était nécessaire d’avoir un four, vu l’absence de four banal (seigneurial et commun), et l’importance du travail du chanvre dans la Vallée, qui nécessitait l’usage d’un four.


Toutes ces « chambres de maisons » sauf une avaient un grenier, où était entreposée la récolte. Le grenier pouvait être construit différemment de la chambre : cinq étaient « terrassés », et deux en colombages (sur des murs de tuffeau probablement).

La toiture était toujours précisée : essentiellement de l’ardoise, sauf quatre chambres couvertes en « bourre », une en « canne et bourre » et deux en chaume. « bourre » et « chaume » semblent proches, voire synonymes. « Canne » pourrait signifier roseau.

Dans huit cas sur vingt-quatre, la maison était dotée d’un bas-côté servant de cellier, d’un appentis ou d’une écurie (un cas). Ces extensions étaient construites en tuffeau, en « terrasse » ou encore « sur fourchers » et « terrassé ». Le mot « fourchers », associés à la « terrasse », fait penser à des pieux de bois servant de piliers.

Dans 9 cas, une grange était associée à la maison, sur l’appartenance. Dans un autre cas, deux granges, dans un dernier, trois granges. 13 locataires, dont deux journaliers et seulement un bêcheur, n’avaient pas de granges,. La grange était surtout nécessaire aux exploitants agricoles. Sur douze granges dont on connaît les matériaux, dix étaient en « terrasses », « sur fourchers », « sur pieux », « sur attache » , ou bien en colombage. Deux seulement étaient en tuffeau.

Le tuffeau coûtait cher et était souvent réservé aux habitations. Dans les quelques baux à rente de la même période, l’acquéreur était obligé de construire une maison sur la parcelle concernée, en utilisant une quantité minimale de pierres de tuffeau. Ainsi dans un bail de 1788 au Pâtis Pottier à Mazé, au nord de Saint-Mathurin : « à charge pour les preneurs de faire faire dans la première année de leur jouissance sur la ditte demi boisselée de terre dessus un petit logement avec four et cheminée dans lesquels sera employé au moins un cent de tuffeau de rivière, afin que la rente cy après puisse être plus facilement prise et perçue sur les dittes choses ». Dans un autre bail de la même année, à Saint-Mathurin, la maison devait être « de telles matières qu’ils jugeront à propos à l’exeption néanmoins qu’ils y emploieront deux cents de tuffeaux communs de rivière » 21.

Ce tuffeau « de rivière » était acheminé par la Loire. Dans un bail à ferme de 1778, le fermier était tenu de transporter « deux cents de tuffeau gabarier » par an , en un lieu « dont la plus grande distance sera d’une lieue de la Loire »22. Ce mot « gabarier » est la seule apparition dans toutes mes recherches d’un mot de même racine que le mot « gabare », qui soit associé à la Loire. Ce mot désignait au XIXe siècle des navires de Loire. Mais au XVIIIe siècle, ils étaient appelés « bateaux » ou « toue ». Le mot gabare apparaît dans les registres des classes de la marine, mais il semble désigner des navires destinés au service des ports, peut-être même des navires de haute mer23.


D’après les bâtisses antérieures au XIXème siècle qui subsistent à Saint-Mathurin, l’ardoise était déjà utilisée au XVIIIème siècle pour la construction. Comme son prestige était moindre que celui du tuffeau, on l’employait pour les granges, pour les bases des maisons (l’ardoise imperméable protégeait le tuffeau poreux) , et pour les façades latérales dépourvues de fenêtres et moins visibles du chemin. De l’ardoise apparaît souvent après la destruction d’un four collé à un mur de maison en tuffeau : elle avait servi à économiser le tuffeau dans les parties cachées.

Pourtant l’ardoise n’apparaît ni dans les actes étudiés ici, ni dans une trentaine de baux à ferme de maisons antérieurs à 1786 que j’ai pu consulter au hasard de mes recherches. Son utilisation secondaire pour les maisons a pu la faire négliger dans les actes, au profit des matériaux principaux : tuffeau et « terrasse ». D’autre part son essor date apparemment du XIXème siècle, avec le développement des mines de Trélazé. Dans les constructions datées du XIXème siècle, l’ardoise est très présente à Saint-Mathurin, bien que moins répandue que le tuffeau. Mais pour voir l’ardoise ailleurs que sur les toits, le visiteur doit pénétrer dans la Vallée, et quitter la levée de la Loire où le tuffeau domine sans rival.


Des constructions temporaires pouvaient suppléer au manque de place dans les greniers et dans les granges. Cinq documents sur vingt-quatre y font référence. Ce sont des « caries », « toits » et « loges », bâtis sur « pieux » et « fourchers », couverts en « bourre », parfois « terrassés », mais pas toujours : ces constructions très primaires restaient souvent sans murs. Faites essentiellement de bois, elles appartenaient au fermier qui les avaient construites, et qui pouvait les démonter et les emporter à la fin de son bail : « les parties conviennent que dans le cas où lesdits René Leblanc et femme [fermiers] feront des toîts ou des loges sur la ditte appartenance et de leur bois, ils pourront les enlever à la fin du présent bail »24.


La plupart des maisons n’avaient pas de noms, mais étaient localisées par la rue où elles se situaient (ou à défaut par le canton), et par les propriétaires voisins. Seuls les bâtiments des grands domaines seigneuriaux, des métairies, et autres maisons remarquables par leur taille ou par les terres en dépendant, avaient leur propre nom : « Maison de La Marsaulaye », « Métayrie de Beaulieu », « l’Herbelotière », « grande maison du Voisinnay », « La grande Tassinière ».

Les domaines des cultivateurs.

Etant donné l’importance des terres « volantes » dans les baux à fermes et les actes de ventes, les exploitations agricoles semblent majoritairement composées, non pas d’un ensemble stable, mais plutôt d’un agglomérat de parcelles de terres, assemblées pour un temps, au gré des héritages, des achats, et des locations. Nous avons vu que les grands domaines eux-mêmes, dont l’étendue changeait peu, ne constituaient pas des exploitations agricoles bien définies.

L’étude des exploitations est compliquée par la différence entre propriété de la terre et exploitation de la terre. Certains propriétaires affermaient la majorité de leurs terres, d’autres prenaient à ferme des terres en plus de celles qui leur sont propres. D’autres enfin, comme les « marchands-fermiers » ou certains artisans possédaient de nombreuses terres, et en prenaient beaucoup à ferme, mais ne les exploitaient pas eux-mêmes. Les partages de terres après décès, qui sont très utiles pour l’étude de la propriété foncière, ne donnent pas des chiffres aussi sûrs pour l’étude des exploitations agricoles.


Pour connaître la superficie réellement cultivée, il est possible d’utiliser les actes de vente aux enchères des récoltes appartenant à des d’enfants mineurs, et les inventaires après décès. En effet, certains inventaires de biens meubles comprennent les ensemencements, avec les superficies. Or en juin et juillet, toutes les terres cultivées sont ensemencées, et les prés sont sur le point d’être fauchés. On a donc à travers ces actes un aperçu des terres cultivées pour quelques familles. Le problème étant que souvent ces actes, comme les partages de biens immeubles, ne donnent pas les professions des défunts.

Malgré tout, j’ai trouvé 13 actes indiquants la profession des défunts. On peut constater que dans cet échantillon, une majorité de bêcheurs n’exploitait pas de prés.


Tableau 17. Exemples de superficies cultivées suivant les professions, d’après des inventaires de biens meubles après décès, et actes de vente aux enchères de récoltes . 1763-1786.25

Professions

superficies en boisselées

terres labourables

prés

boucher

8.5

18

laboureur

53.25

6

laboureur

112.5

?

laboureur et fermier

95 (77% à ferme)

0

fermier

120 (49%à ferme)

?

fermier

99 (96% à ferme)

110 (100% à ferme)

bêcheurs ( 8 cas)

65

76

31.8

9

21

0

62

0

8.5

0

11.5

0

11.25

? (taille inconnue)

50

0

moyenne bêcheurs

35.68

12.14

 


NOTES DE BAS DE PAGE (WEB)

1 Roger Dion. Le Val de Loire Etude de géographie régionale page 607. et lettre de février 1779, A.N. R/5/129, citée page 565.
2 62.5 boisselées pour 20 appartenances cultivées. plus trois appartenance dont la taille, petite, est inconnue, et évaluée à 9 boisselées au total. Plus les 40 boisselées de l’appartenance de la Maison dite « du Voisinay », plus 5 boisselées en auberge, jardins, etc…
3 Yannick Neau. Une paroisse d’Anjou. Carbay au XVIIIe siècle. page 108.
4 A.D.M.L., 3P4/320/1 à 46. Réalisé entre 1808 et 1810. Echelle 1/10 000e à 1/1250e.
5 Roger Dion, op. cit. page 516.
6 Exemple pris dans A.D.M.L., 5E16/272. Le 13/11/1782. Partage des biens de Remye Normand.
7 A.D.M.L., 5E16/152. Vente du droit de passage le 10/9/1784.
8 Roger Dion, op. cit. , cite page 565, A.N. : R/5/129.
9 A.D.M.L., 5E16/277. Bail du 13/7/1789.
10 A.D.M.L., 5E16/56. Le 9/7/1788, copie du bail du 3/1/1766.
11 A.D.M.L., 7HS/B28. Papier de l’hôpital et hospice de Beaufort.
12 A.D.M.L., 5E16/273. 16/6/1783. Inventaire des meubles de René Normand et Louise Rozé sa Veuve.
13 A.D.M.L., 5E16/275. 15/8/1786. Bail à ferme d’une terre. Le fermier est domestique chez Pierre Gigault fermier de la métairie de la Rouillière.
14 A.D.M.L., 7Hs/B22 ( baux 17esiècle-1765) et 7Hs/N17. (1774 à 1792).
15 A.D.M.L., 5E16/30. Baux à sous ferme du 25/1/1769, de portions de la terre de Beaulieu. 11 arpents 4 boisselées à raison de 80 chaînes l’arpent, soit environ 9 arpents à 100 chaînes l’arpent.
16 A.D.M.L., 5E16/260. baux des 4 et 5/8/1757.
17 A.D.M.L., 5E16/263. Baux des 27/2/1763, 15/5/1763, 20/6/1763.
18 A.D.M.L., 5E16/275. 26/12/1786 au 16/7/1787. inventaire des biens de René Charles fermier de la moitié de la métairie de la Bussonnière. 6 arpents de terres labourables, qu’il a peut-être loué à des sous-fermiers.
19 A.D.M.L., 5E16/266. 7/9/1770. Bail à ferme de la terre de la Marsaulaye. Célestin Port Dictionnaire historique et biographique de Maine-et-Loire. article « Marsaulaie » et A.D.M.L., 5E16/277. 13 juillet 1789. Bail à ferme de la terre de La Marsaulaye. 2000 livres.
20 A.D.M.L., 5E16/276. Acte de vente du 2/12/1787.
21 A.D.M.L., 5E16/56. bail à rente amortissable du 24/11/1788 au Pâtis Pottier. 5E16/276 : bail à rente à Saint-Mathurin le 14/9/1788.
22 A.D.M.L., 5E16/207. 10/12/1778. Baux à sous-ferme des frères Tessier Dumottay et De la Motte.
23 A.D.L.A., 120 J 303. Nicolas Masson. 1787 et 1788, retour de Brest après 17 et 19 jours sur la gabare « La Bretonne » commandée par un sous-lieutenant de vaisseau. Plus surprenant : René Tessier, 2 ans de campagne 1783-1784 sur la gabare « La Seine (…) commandée par un négrier » !
24 A.D.M.L., 5E16/276 : bail à ferme du 7/12/1788.
25 A.D.M.L. : 5E16/211, 5E16/263, 5E16/265, 5E16/269, 5E16/270, 5E16/272, 5E16/273, 5E16/274, 5E16/275.